RE-CO Crapauds : Restauration des continuités écologiques en faveur des crapauds à Doussards (Haute-Savoie, 74)
Projet en cours
Contexte et objectifs
Les amphibiens présentent un cycle de vie complexe, alternant des phases de vie terrestres et aquatiques, et effectuant des déplacements entre différents habitats : un habitat de reproduction, un habitat d’alimentation, un site d’estivation (quartier d’été) et un site d’hivernage (quartier d’hiver). La distance entre les différents types d’habitats, le lieu de naissance et d’autres sites visités peut varier de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. La connexion entre ces différents habitats définit ce qu’on appelle la trame turquoise.
Le projet RE-CO vise à évaluer la fonctionnalité de la trame turquoise à travers le suivi de la migration d’amphibiens (en l’occurrence le crapaud commun) entre les sites d’hivernage et les sites de reproduction. En particulier, l’efficacité de dispositifs de franchissement souterrains (nommés crapauducs) au niveau d’une route départementale présente sur leur voie de migration sera mesurée. Le projet vise également à proposer et mettre en œuvre des actions ciblées d’amélioration de la trame turquoise. Le projet est co-porté par Asters-CEN 74, gestionnaire de la réserve, et SCIMABIO Interface dans le cadre de l’appel à projets 2022 en faveur de l’Eau et de de la Biodiversité de l’Agence de L’eau Rhône Méditerranée Corse. Les autres partenaires techniques sont la LPO, le Cluster Eau Lémanique-Evian et le Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier.
L’étude se concentre au niveau de la réserve Naturelle Nationale (RNN) du Bout du Lac d’Annecy, sur la commune de Doussard. Le site a été historiquement concerné par des écrasements de crapauds communs au niveau de la D909a lors de la période de migration printanière. Entre 1999 et 2017, en moyenne près de 500 individus ont été interceptés chaque année grâce à l’action de bénévoles et d’Asters-CEN 74, gestionnaire de la réserve, dans le cadre de l’opération « SOS Crapauds ». En 2020, le Conseil départemental 74 avec le partenariat du SILA ont décidé de mettre en place un dispositif de franchissement sous la route dans le cadre de la construction de la piste cyclable. Le dispositif comprend une sorte de caniveau infranchissable pour les crapauds, installé de chaque côté de la route sur le linéaire concerné par les passages d’amphibiens, ainsi que dix tunnels de passage positionnés sur l’ensemble de la longueur. Chaque dispositif est constitué d’un tunnel aller et d’un tunnel retour.
Méthodologie
SCIMABIO Interface intervient plus particulièrement sur l’évaluation de l’efficacité des crapauducs en utilisant la technologie RFID. Des antennes de détection fixes ont été placées en janvier 2024 aux entrées et à la sortie des 2 tunnels les plus utilisés par les crapauds (selon les comptages réalisés les années précédentes). En février-mars 2024, des filets et des seaux ont été placés par la LPO et le CEN74 du côté forestier de la route départementale afin de capturer puis de pucer les crapauds en voie de migration, avant de les relâcher à proximité de leur lieu de capture. Les marquages ont été réalisés sous anesthésie par du personnel qualifié en marquage d’amphibiens (CEFE et SCIMABIO Interface), après validation de la procédure par un comité d’éthique en expérimentation animale.
Les comportements de 192 crapauds pucés ont ainsi été enregistrés au moment de leur franchissement des tunnels, par le biais des antennes fixes mais aussi grâce à des piégeages réalisés quotidiennement en sortie des 10 tunnels par des bénévoles équipés de scannettes portatives pour la lecture des puces. En complément, 3 individus ont été aussi marqué à l’aide de pigments fluorescents afin de suivre leur trajectoire après marquage.
Principaux résultats
Les premiers résultats indiquent que 78% des individus ont franchi avec succès l’un des deux tunnels équipés, et 4% sont passés par deux autres tunnels plus éloignés. Des analyses sont en cours pour caractériser plus finement les comportements individuels et les temps de franchissement.
De nouveaux marquages seront réalisés début 2025 afin de localiser les sites de reproduction et mesurer les trajets retours dans les crapauducs (retours aux sites d’hivernage après reproduction).
Plus d’infos sur le projet :